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SODIDA-TURF

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BLOG PMU - OVERBLOG : pronostics et résultats du quinté. COMMENT VAINCRE LES ECARTS AVEC LA GRILLE MAGIQUE.'' LE PMU N'EST PAS UN JEU DE HASARD, FAUT FAIRE SON PAPIER''


Les turfistes. Éléments pour une socio-anthropologie du pari hippique

Publié par SODIDA-TURF

Catégories : #LU POUR VOUS

 PAR Jean-Christophe 

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17Si certains s’en remettent au hasard, pour les turfistes, le jeu est affaire de sérieux. Il appelle la réflexion. « Miser sur le bon cheval » implique un choix, processus dans lequel on mobilise différentes ressources permettant d’élaborer un pronostic en tentant de réduire au minimum l’incertitude de la course, ne laissant que l’irréductible aléa inhérent à toute épreuve garantissant la « glorieuse incertitude du turf » et l’intérêt du jeu : « Un dé-roulement connu d’avance, sans possibilité d’erreur ou de surprise, conduisant clairement à un résultat inéluctable, est incompatible avec la nature du jeu.23 »

18« Faire le papier », mesurer les chances théoriques des concurrents pour tenter d’en « sortir » le gagnant, combattre l’incertitude, requièrent un ensemble de connaissances relevant d’un savoir pratique acquis progressivement, dans les espaces de jeu, à travers les discussions, échanges, observations avec les autres joueurs. Ce savoir englobe les règles propres au pari et aux courses et la maîtrise de formes langagières spécifiques, d’un langage technique. Un savoir qui renforce la cohésion, à tout le moins, différencie, sépare des non-initiés, permet de jouer. Mais les turfistes développent une technique de jeu qui mêle au savoir, l’intuition, les croyances, les superstitions et qui repose en grande partie sur l’exploitation des informations données par le journal.

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19Ils tiennent compte des différents paramètres inhérents à la course, comme le type d’épreuve (monté ou attelé), le lieu où elle se déroule (qualité de la piste, météorologie), les allocations attribuées aux vainqueurs. Ils considèrent les chevaux engagés, leurs caractéristiques générales (origines, entraînement) ou particulières (aptitudes spécifiques, condition du moment), mais aussi les jockeys (forme, poids, réussite, connaissance du cheval, de la piste, stratégie de course) et les entraîneurs (préparateurs des chevaux). Ils s’intéressent encore à l’ambition des propriétaires : gagner, « assurer la place » (limiter le gain en vue d’un engagement prochain mieux loti, pour lequel, trop de gains entraînerait un « rendu de distance24 »).

20Les joueurs recoupent les informations, tentent de repérer les indices qui permettront de déceler les « meilleures chances », les « soleils », d’isoler les « carnes ». Paris-Turf, la « bible », leur propose de nombreuses rubriques alignant chiffres, noms, abréviations d’accès difficile pour le néophyte qui ne maîtrise pas les codes. Savoir lire le journal apparaît comme l’élément indispensable. Et, au-delà de la forme (langage spécifique, abréviations), il s’agit de percevoir l’esprit, de savoir interpréter les images dans les courts commentaires accompagnant les données.

21Il y a sans doute autant de manières de « faire le papier » qu’il y a de joueurs. Sans perdre de vue les singularités, on peut tenter de distinguer, au regard des pratiques individuelles, des éléments typiques dans l’élaboration du pronostic qui constitue un véritable travail de recherche et n’en demeure pas moins un plaisir, un amusement.

22Certains analysent de manière intensive le journal, mobilisant leurs souvenirs pour venir compléter un commentaire ou bien en décrypter le sens. Ils interprètent l’histoire des chevaux, prennent en considération les courses antérieures (la « musique du cheval »), comparent les choix des pronostiqueurs, en sélectionnent certains, en abandonnent d’autres, repèrent des anomalies, des stratégies d’entraîneurs, la forme des jockeys et des chevaux. Ils opèrent des croisements analytiques, compréhensifs même, ce qui demande du temps.

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23D’autres, plus répandus, « statisticiens » ou « méthodistes », s’engagent « dans une série d’opérations dénaturantes, où se reflète un aveuglement qui [les] dépasse : l’obsession numérale, l’ac-cumulation frénétique des “ données ”, la croyance au déchiffrement “ mathématique ” du réel25 ». Ils s’en remettent aux statistiques des chevaux, des jockeys et des entraîneurs, « suivent à l’écart » : tel jockey qui a couru 110 fois cette année, qui a gagné 10 courses, gagne, en moyenne, une fois sur onze. S’il n’a pas gagné depuis plus de 11 courses, il ne va pas tarder. Ils joueront dans toutes les courses où ce jockey apparaîtra. De même un cheval qui n’a pas gagné depuis longtemps « doit de l’argent ». Il est nourri, logé, pansé, entraîné, ce qui coûte à son propriétaire à qui il ne rapporte rien. Un tel cheval fera l’objet de nombreux paris à chaque apparition. Cette élaboration « quasi scientifique » du pronostic doit permettre d’échapper au hasard, qui aurait ses habitudes… De nombreux joueurs usent de martingales, systèmes de jeu fondés sur le calcul des probabilités et prétendus assurer un bénéfice certain26.

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24Tout est bon pour faire du pronostic une conviction indestructible : intuition comme rêve de la veille. Et la croyance superstitieuse existe ici, associée à la chance et à la malchance. Les joueurs tentent de séduire la chance, d’identifier les signes qui les feront gagner et ceux qui risquent de les faire perdre. Certains turfistes usent de porte-bonheur – le fer à cheval, le trèfle à quatre feuilles et autres « gris-gris » sont très présents. Le joueur veut gagner, veut croire qu’il peut gagner. « Et pour ce faire, il déploie deux sortes de ruses, les unes empruntées à la panoplie du magicien, les autres à l’arsenal d’une technique prétendument positive.27 » Il oscille entre rationalité et irrationalité, ce que Paris-Turf a compris, qui publie chaque jour un encart sur « les Chevaux et les Astres28 ». Mais au-delà d’une quelconque efficacité des systèmes de jeu (les joueurs, eux, sont convaincus), l’essentiel réside dans le fait que tous permettent de jouer.

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25Leurs pronostics élaborés, ils se lancent dans « l’aventure du jeu29 », orientés vers cet à venir qui peut être mais n’est pas encore. La connaissance pratique du parieur est à nouveau mise à contribution. L’enregistrement doit être effectué rapidement pour que chacun puisse effectuer le sien. Savoir annoncer son pari requiert la maîtrise d’une terminologie spécifique qui assure à la fois rapidité et surtout bon enregistrement. Cette connaissance relève encore d’un apprentissage au contact des autres et des guichetiers.

26Vingt minutes avant le départ, au « début des opérations », le calme est encore présent dans le point course, les joueurs, isolés ou en petits groupes, en sont encore à fignoler leur papier, à échanger des informations. L’annonce du « départ dans six minutes » provoque un premier déplacement vers les guichets. L’excitation monte progressivement. Il s’agit de ne pas se tromper. Ils vérifient les bordereaux d’enregistrement de leurs paris. Le guichetier n’est pas à l’abri d’une erreur. A trois minutes du départ, la plupart sont aux guichets. Les autres sont devant les moniteurs, vérifient si l’évolution des cotes donnent raison à leur pari, écoutent les commentaires sur la course à venir. A l’annonce des chevaux « sous les ordres », il reste alors une minute pour jouer, et ceux qui n’ont pas encore parié, ou qui souhaitent modifier leur pari, se ruent sur les guichets. On se bouscule alors, avec pour loi, celle du plus fort. Tant pis pour celui qui ne pourra pas parier avant le départ.

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27Non sans avoir tout fait pour déterminer le plus sûrement possible le résultat, l’incertitude demeure, le risque est là. Courir le risque, c’est jouer. « Le plaisir du jeu est inséparable du risque de perdre.30 » Et ce ne serait pas jouer que de le refuser. Par ailleurs, le jeu encourage la prise de risque, au regard des gains possibles. Certains parieurs, plutôt que de jouer sur des favoris, « michetons », choisissent les « outsiders ». Leurs cotes plus élevées laissent espérer de meilleurs rapports, mais le risque est plus important car, théoriquement, ils ont moins de chances de l’emporter. Ce risque apparaît comme élément de la fascination du pari. L’angoisse des joueurs ayant misé plus ou moins gros sur un cheval et qui attendent le résultat de la course, est indéniablement une cause du plaisir ludique. Le jeu fabrique de l’incertitude que les joueurs recherchent car générant le plaisir, l’émotion. Et jouer consiste à gérer ce plaisir en gérant le risque, en le prenant en considération.

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28Les paris sont faits. Un instant le temps paraît suspendu, jusqu’au départ. Les yeux rivés aux moniteurs, les parieurs ont précieusement rangé leurs bordereaux de jeu ou les gardent serrés dans la main. Chacun tente d’apercevoir si son cheval a pris un bon départ, s’il ne s’est pas « mis à la faute31 ». On échange des commentaires :

« Regarde, il a pris tête et corde… c’est ce qu’il aime ce cheval… c’est gagné s’il contrôle bien sa course… »

29Rapidement, certains turfistes à l’œil avisé signalent un cheval à la faute, ce qu’annonce dans la foulée le speaker. Les com-missaires disqualifient un cheval, décision qui tue les espoirs de nombreux parieurs et provoquent leur bruyante manifestation de réprobation. Les commentaires fusent :

« Ils peuvent pas le distancer, il a remis son cheval tout de suite… »

30L’espace entier résonne bruyamment des mécontentements de quelques-uns, des injures et des plaisanteries, et la course se poursuit. Les perdants analysent le papier pour la course suivante, les autres sentent la tension monter à mesure que le peloton progresse. A l’approche de l’arrivée, les encouragements sont plus nombreux, plus accentués surtout. Des cris où se mêlent craintes et espoirs accompagnent les chevaux. A l’arrivée, nouvelle clameur où se mêlent la satisfaction enthousiaste des vainqueurs et la déception des perdants. Ces derniers, pour la plupart, déchirent leurs bordereaux qui vont, en nombre, rejoindre par terre mégots et autres papiers. Puis, ils se remettent au travail, « au turf ».

31Les rapports annoncés – dont l’annonce ne manque pas de susciter d’autres réactions selon qu’ils correspondent ou non à ceux escomptés –, certains gagnants encaissent leurs gains, les autres sont « au papier ». Ils encaisseront au moment d’enregistrer leurs prochains paris. Soulignons que les parieurs qui gagnent ne sont pas les plus expressifs. Leur joie est très souvent discrète au milieu d’une masse de joueurs plus ou moins mécontents et qui l’expriment, haut et fort, à qui veut les entendre. Mais si la discrétion semble de mise lorsque l’on gagne, voire la modestie dans la déclaration du gain aux amis (le gain succède peut-être à une série de pertes), celle-ci n’en appelle pas moins, peut-être, les félicitations :

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« On peut rester modeste à seule fin de s’attirer des compliments.32 »

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32Le pari sur les courses de chevaux est un moyen de « faire de l’argent » en jouant de l’argent ; moyen alternatif à celui qui correspond au travail salarié. « Quoi d’étonnant si le joueur a une mentalité d’alchimiste ? Il veut faire de l’or (ou de l’argent) et, méprisant les voies indirectes, tortueuses et pénibles, il s’est tourné vers le procédé le plus direct, forcément magique.33 » Le gain auquel on peut parvenir par sa technique de jeu, et la chance bien sûr, peut être important. Etre meilleur que les autres joueurs, les battre et gagner. Séduire la chance, pour parvenir à faire « cracher le PMU.34 »

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33Ce gain récompense le « travail » du turfiste et la prise de risque. Il est donc perçu comme normal. Et l’argent gagné autorise à jouer et à rejouer. Avant même sans doute sa valeur marchande, l’argent est « instrument au service d’une pratique.35 » Le joueur doit avoir de l’argent pour jouer. Sans argent, pas de jeu. L’argent peut provenir d’un travail ou du jeu. Le joueur joue pour jouer (il mise de l’argent, dans l’espoir de gagner de l’argent pour rejouer). Et gagner n’est pas toujours synonyme de grosse rentrée financière. C’est aussi et surtout avoir gagné sur le jeu, contre les autres joueurs, être celui qui a trouvé le bon cheval. Ils ne jouent pas pour ce que l’argent représente hors le jeu et « cette attitude est indispensable au jouer car si le joueur pensait en permanence à la valeur de l’argent et aux conséquences financières de son acte, il ne jouerait pas.36 »

34Par ailleurs, la perte n’est pas la fin du jeu. Il y a toujours l’espoir, l’intime conviction, de « se refaire », conjurer le sort, rejouer et gagner pour éprouver une nouvelle fois sa chance, se rassurer sur son jeu. L’apprentissage de la perte est une dimension incontournable dans l’expérience ludique. Les pertes sont fréquentes, beaucoup plus que les gains. Il faut donc apprendre à perdre pour continuer à jouer.

35Les opérations de la course suivante ont débuté, perdants et gagnants ont repris leur manège. Ils se plongent dans le journal, observent les variations de cotes, échangent quelques informations, retournent au journal, notent, calculent, évaluent… certains ont déjà enregistré un pari et sont allés se rasseoir en attendant la course… les autres hésitent encore. A chaque course, les mêmes gestes, les mêmes déplacements, les files d’attente aux guichets, la tension de la course, l’attente de l’arrivée, l’encaissement. Une grande majorité de parieurs resta jusqu’à la dernière course (il y en a généralement sept, parfois plus, par réunion). D’autres quittent les lieux. On échange encore sur la réunion, les « coups » réussis ou ratés, la malchance venue transformer, dans les derniers mètres d’une course, un gain quasi sûr en perte sèche. Certains ont gardé leurs tickets et les exhibent en refaisant la course, comme preuve d’un manque de réussite :

« Regarde, j’avais presque le trio… j’avais mis le 2 et le 5 en base et champ réduit avec les 8, 9, 12 et 15… à l’arrivée j’ai 2 et 8 mais pas le 14 qui fait deuxième… en plus je voulais le mettre… tiens regarde (exhibant un second ticket) je l’avais même joué en trio avec le 2 et le 5… et puis j’ai oublié de le remettre… »

36Chacun y va de son anecdote, certains se souviennent des réunions précédentes. On ne joue plus, mais on continue encore quelques instants à parler du jeu. Progressivement, les conversations s’orientent sur des sujets d’actualité ou le quotidien. Et puis les joueurs se dispersent. La parenthèse du jeu s’est refermée, à moins qu’une autre ne se soit rouverte, celle d’un temps contraint qu’il faut assumer jusqu’au prochain temps de jeu. Car ce qui caractérise les turfistes, c’est qu’ils rejouent sans cesse.

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37La pratique ludique, individuelle dans le pari, s’exprime dans un cadre collectif où se créent des liens sociaux. Limités, semble-t-il, au temps du jeu, ces liens n’en génèrent pas moins un sentiment d’appartenance. Les turfistes se retrouvent dans les espaces de jeux où la pratique s’affiche librement, s’affirme aux yeux de tous. Et le lieu du jeu apparaît parfois « aussi important que le jeu lui-même, car certains y trouvent une raison d’être, un lieu où “ vivre ”, une sorte de famille d’accueil37 ». Le jeu permet les échanges. Il peut être parlé, mis en mot, « suscite ou sert de support à des commentaires, est prétexte à parler de soi38 ». Des paroles s’échangent, des sensations, des émotions, un « exister ensemble39 » sont partagés.

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38Sans doute pourrait-on envisager là l’existence d’une « com­munauté » joueuse, les joueurs se dispersant à la fin du jeu, dans le hors jeu, pour se retrouver plus tard, à nouveau dans le jeu ; émettre, après Huizinga, l’hypothèse selon laquelle une telle communauté demeure permanente, une fois le jeu terminé, sans pour autant que cela s’exprime dans une formalisation, une institutionnalisation (clubs, associations), car « le sentiment de vivre ensemble dans l’exception, de partager ensemble une chose importante, de se séparer ensemble des autres et de se soustraire aux normes générales, exerce sa séduction au-delà de la durée du seul jeu.40 »

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39Le jeu se répète, s’inscrit dans la durée, la permanence, le quotidien. Il respecte un calendrier. Et l’on peut percevoir ici sa dimension rituelle ; envisager les turfistes comme des « pratiquants », les grands lieux comme des « sanctuaires », le calendrier des courses comme un cycle annuel pseudo-religieux avec ses « dimanches ordinaires » réunissant les « plus fidèles parmi les fidèles », et ses grands événements, ses « grands-messes » réunissant l’ensemble des « pratiquants ». Ritualité profane alors41, rite « hors-sacré » comme « ensemble d’actes formalisés, expressifs, porteurs d’une dimension symbolique. Le rite est caractérisé par une configuration spatio-temporelle spécifique, par le recours à une série d’objets, par des systèmes de comportements et de langages spécifiques, par des signes emblématiques dont le sens codé constitue l’un des biens communs d’un groupe.42 »

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40Des éléments sont présents : dimension collective, espaces et temps spécifiques (temporalité externe, moment du jeu, et temporalité interne, durée du jeu), existence de règles, codes, langages qui nécessitent un apprentissage, comme véritable socialisation de l’individu43, permettant son intégration progressive au sein d’un « ensemble populationnel cohérent44 » des parieurs, vecteur d’identité ; déroulement particulier, calendrier, production de sens. Le jeu peut être décomposé en plusieurs phases – la préparation, le pari, la course, le résultat – durant lesquelles les joueurs s’engagent dans un rapport à l’incertitude, au risque, contre les autres (le pari est mutuel) et eux-mêmes. Parier n’implique pas seulement le fait de jouer de l’argent au risque de le perdre. L’enjeu constitue le risque, engendre la sensation, parfois intense, de vertige, comme « une tentative de détruire pour un instant la stabilité de la perception et d’infliger à la conscience lucide une sorte de panique voluptueuse.45 » Et découvrir l’issue de la course pour prouver sa supériorité dans le difficile exercice du pronostic, en quête de considération, de reconnaissance… Les joueurs s’assurent et se rassurent. Dans leur rapport au hasard, ils n’hésitent pas à recourir à des pratiques pour le moins superstitieuses, pensées comme magiques, et à des systèmes de jeu aussi peu rationnels. Cela permet de jouer, autorise la prise de risque en occultant ou, à tout le moins, en relativisant au maximum l’aléa de la course.

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41Enfin, le jeu est choisi. Les joueurs pénètrent l’espace-temps ludique librement. Le temps du jeu est alors perdu pour les occupations quotidiennes contraintes, mais gagné quant à la libre disposition de soi-même, s’offrant comme luxe, tentative pour échapper à l’impératif utilitaire de rentabilité, à la responsabilité indéterminée, pour contrôler dans un cadre spécifique, ce que l’on engage, ce que l’on met en jeu en risquant de le perdre. La tension n’échappe plus à l’individu qui en contrôle l’apparition46. Ce qui ne peut être dans le hors jeu. Les joueurs savent qu’ils jouent, et font dans le jeu l’expérience de la liberté : « Temps perdu pour le travail systématique et pour la production matérielle. Temps perdu, temps gagné. (…) L’homme qui joue a donné congé aux nécessités du monde, au monde de la nécessité, pour entrer dans un univers de liberté.47 »

 

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